Quatre prévenus, tous nigérians, dont un frère et une sœur étaient poursuivis pour traite des êtres humains de plusieurs jeunes femmes nigérianes, avec circonstances aggravantes dont la mort de l’une d’entre elles, retrouvée sans vie dans sa vitrine. Ils étaient aussi poursuivis, à des titres divers, pour embauche et exploitation de la prostitution de ces jeunes femmes, ainsi que pour participation à une organisation criminelle. Seule une prévenue a comparu.

Trois victimes et Myria s’étaient constitués partie civile.

Les prévenus recrutaient les victimes au Nigéria. Elles rejoignaient l’Italie via la route libyenne. Elles arrivaient ensuite en Belgique où elles devaient se prostituer pour rembourser leur dette (entre 25.000 et 30.000 euros).

Le dossier a démarré en novembre 2016 suite à un contrôle de police d’une des jeunes femmes qui racolait. Étant en séjour illégal, elle a été emmenée en centre fermé. En janvier 2017, elle dépose plainte pour des faits de traite des êtres humains. Entendue, elle expliquera comment elle a été recrutée par l’un des prévenus qui lui promettait un job comme mécanicienne en Italie contre 25.000 euros, à rembourser par son travail en Europe.

Après avoir traversé la Lybie avec d’autres filles, elles ont été recueillies par les garde-côtes italiens et placées dans un centre d’accueil à Naples. Elle a pris contact depuis ce centre avec le prévenu qui est venu la chercher, ainsi qu’une autre fille. Elle a été emmenée en train en Belgique pendant que deux autres filles, destinées à travailler pour un autre prévenu, sont arrivées en avion en Belgique. Une fois en Belgique, elles étaient emmenées dans l’appartement d’une «mama » où elle apprend qu’elle doit travailler comme prostituée. Elle a été interceptée par la police le quatrième jour après ses débuts.

L’enquête a été menée entre autres sur base d’une enquête de téléphonie, consultation d’un autre dossier nigérian, audition des victimes et témoins, perquisitions dans le carré de la gare du Nord à Bruxelles et une enquête bancaire. Les noms des différents prévenus apparaissent lors de l’enquête comme étant les organisateurs/ participants aux activités de traite des êtres humains de ces jeunes femmes.

En mars 2018, une des victimes, lourdement mutilée par un client, a été accueillie par un centre d’accueil spécialisé et a fait des déclarations.

En juin 2018, une autre victime est retrouvée morte dans sa vitrine, victime de coups de couteau d’un homme inconnu.

La famille exerçait des activités concurrentes aux faits d’un autre dossier (mama M.) et s’occupait de faire venir illégalement des filles aussi pour d’autres «madames ».

Le frère était un expert de la route libyenne et était en contact avec des intermédiaires sur cette route. Sa sœur exploitait ensuite les jeunes femmes à Bruxelles.

Le tribunal condamne les prévenus pour la plupart des faits reprochés. Entre février 2016 et octobre 2018, plusieurs jeunes filles nigérianes ont été recrutées sous la fausse promesse d’un emploi légal en Europe ou l’exercice de la prostitution pour leur propre compte pour ensuite être forcées et exploitées dans la prostitution. Elles devaient remettre une partie de leurs revenus aux prévenus pour rembourser leur dette de voyage ou contribuer au « loyer » de l’appartement où elles avaient été hébergées.

Le tribunal retient également la prévention d’organisation criminelle : l’arrivée des filles était bien préparée et suivie tout au long du trajet. L’organisation faisait appel à une série de personnes, pour le recrutement des filles au Nigéria, la délivrance de faux documents, l’accompagnement des victimes au cours du trajet.

Le tribunal condamne par défaut trois prévenus à des peines d’emprisonnement entre 40 mois et 4 ans et à des amendes entre 8.000 et 32.000 euros. La quatrième prévenue, jugée contradictoirement, reçoit une peine d’emprisonnement de 33 mois et une amende de 32.000 euros.

Une victime reçoit 5.000 euros de dommages et intérêts, les autres ainsi que Myria 1 euro.

Ce jugement est définitif.