Tribunal correctionnel d’Anvers, 30 mars 2020, n°2020/1876
Une prévenue était poursuivie pour traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Les faits remontent à mi-2015 jusqu’au début 2016. En 2013, la victime est entrée en contact au Nigeria avec des passeurs qui pouvaient l’acheminer en Europe. A cette fin, elle devait rembourser 52.000 euros sur 6 mois. Avant son départ, elle a dû se soumettre à un rituel vaudou. Elle a pris l’avion vers la Turquie avec son propre passeport. Elle a ensuite été transportée en bateau par des passeurs vers la Grèce. Début février 2015, elle fut débarquée par les garde-côtes grecs, se retrouvant dans un camp d’accueil. Elle y fut récupérée par la prévenue et son petit ami. Elle vécut dans leur appartement à Athènes. Elle devait faire le trottoir à 10 euros par client pour rembourser sa dette. Comme le remboursement prenait trop de temps, on lui conseilla d’aller en Belgique où elle pourrait gagner davantage. Elle était régulièrement menacée par le biais du rituel vaudou.
En Belgique, elle vivait dans les environs d’Anvers chez une connaissance de la prévenue. L’argent qu’elle gagnait, elle devait le virer sur un compte bancaire ouvert en Grèce au nom de l’ami de sa « Madame ». Elle y était contrainte sous la menace de voir ses enfants kidnappés au Nigeria.
Pendant l’enquête, une demande d’entraide judiciaire a été envoyée à la Grèce afin d’obtenir plus d’informations sur la prévenue et les personnes avec lesquelles elle vivait. Une enquête bancaire a également attesté les virements sur le compte bancaire grec. Un ami belge de la victime a également été interrogé. Il a prouvé qu’il avait effectué plusieurs paiements pour son amie, la victime, à sa famille au Nigeria et à sa « Madame » en Grèce.
Au cours de l’enquête, la sœur de la victime au Nigeria, chez qui les deux enfants de la victime vivaient également, a été menacée de devoir rembourser la dette en souffrance. En cas de défaillance, il arriverait malheur aux enfants. Une enquête de téléphonie rétroactive a été réalisée et des informations ont également été obtenues lors de l’examen du téléphone portable de la prévenue, ainsi qu’à partir des discussions sur Facebook et Badoo.
Le tribunal a estimé que les déclarations de la victime étaient cohérentes, détaillées et crédibles, et qu’elles pouvaient être objectivées à l’aide d’un certain nombre d’éléments du dossier pénal. De plus, la prévenue n’a fourni aucune explication plausible quant à la présence de la victime à ses côtés et aux motifs de lui fournir le gîte et le couvert alors qu’il n’y avait pas de liens d’amitié ou de famille. La prévenue a été assistée par plusieurs personnes, mais l’enquête n’a pas permis de les identifier. La prévenue a été condamnée à trois ans de prison avec sursis de cinq ans, ainsi qu’à une amende de 6.000 euros. Le tribunal a tenu compte du casier judiciaire vierge et du temps écoulé depuis les faits.
Cette décision a fait l’objet d’un appel.