Un dossier de réseau nigérian, abordé dans le rapport 2019, a été réexaminé par la cour d’appel d’Anvers. Dans un jugement du 14 novembre 2018, le tribunal correctionnel d’Anvers avait examiné l’affaire impliquant une branche d’un réseau de prostitution nigérian actif à Anvers. Six personnes étaient poursuivies mais plusieurs d'entre elles ont fait défaut. Certaines d’entre elles séjournaient en Italie.

Une des victimes était mineure d’âge. La victime, conduite du Nigeria en Belgique alors qu’elle n’avait que 16 ans, a fait plusieurs déclarations. Elle avait été approchée par l’un des prévenus pour se rendre en Europe afin d’aller à l’école. Elle voyagea de Benin City vers la Libye, passant par le Niger, avant de prendre un bateau vers l’Europe. En Méditerranée, elle fut sauvée, ainsi que d’autres passagers, par un navire italien. Quatre autres jeunes filles du même bateau se sont noyées. En Italie, l’un des prévenus l’attendait et on lui signala qu’elle devait rembourser une dette de 35.000 euros pour son voyage vers l’Europe. Elle avait également dû se soumettre à un rituel vaudou. Un autre prévenu la conduisit d’Italie à Anvers, en Belgique. Elle fut conduite dans l’appartement de l’un des prévenus qu’elle partageait avec une autre jeune fille qui se trouvait dans une situation identique. Elle devait remettre l’argent qu’elle tirait de la prostitution à sa bailleresse, l’une des prévenues, pour rembourser sa dette. De plus, 25 euros par mois lui étaient facturés pour la nourriture et les boissons. Lors de ses déclarations à la police, elle évoqua une autre victime, la jeune fille avec laquelle elle partageait l’appartement. Cette dernière fut retrouvée et fit des déclarations similaires.

Les deux jeunes filles furent, dans un premier temps, menacées à maintes reprises car elles ne gagnaient pas assez, ensuite parce qu’elles refusaient de continuer de remettre leur argent. Leur famille au Nigeria avait également été menacée.

Les prévenus ont été condamnés, certains par défaut, à des peines d’emprisonnement allant de deux à six ans assorties d’amendes allant de 6.000 euros à 15.000 euros. Ils ont été déchus de leurs droits pour 5 ans et des montants ont été confisqués. Lors de l’audience, leur arrestation immédiate fut ordonnée. Une victime s'était constituée partie civile. Elle a reçu un dommage moral et matériel de plus de 13.000 euros. Le montant confisqué lui a été attribué.

Deux prévenus et le parquet ont interjeté appel. Dans son arrêt du 3 octobre 2019, la cour d’appel d’Anvers a acquitté un des prévenus, à savoir la personne qui avait sous-loué une chambre aux deux jeunes filles après avoir été contacté par une amie. Selon le tribunal, il est plausible qu’au début de la location, il ignorait leurs activités et qu’elles étaient des victimes. Il a été acquitté car un doute subsistait quant à une volonté consciente et volontaire d’agir ainsi. De plus, il n’avait pas tiré de profit anormal.

Pour l’autre prévenu, les charges ont été à nouveau retenues. Il ressort du dossier qu’il collectait les paiements des victimes, qu’il était présent lorsque les victimes ont été menacées et qu’il proférait également des menaces lui-même. Il était évident pour la cour qu’il faisait partie, avec sa partenaire et les membres de sa famille restés en Italie, d’une association de trafiquants d’êtres humains. Sa peine de prison de 6 ans a été confirmée, ainsi que l’amende de 15.000 euros. L’indemnisation de la victime, de 13.280 euros, a également été confirmée.