Le tribunal a condamné cinq prévenus de nationalité vietnamienne, dont trois par défaut, pour trafic d’êtres humains, notamment à l’égard de mineurs d’âge. Il les a également condamnés, ainsi qu’un sixième prévenu, pour avoir été actifs, à des titres divers, au sein d’une organisation criminelle.

Les prévenus participaient à une filière internationale de passeurs. Des personnes originaires du Vietnam étaient acheminées contre rémunération importante principalement à destination de la Grande-Bretagne. La moitié du voyage était payée avant de quitter le Vietnam et l’autre était payée par la famille lorsque le passage avait réussi. Le tarif était d’environ 20.000 euros pour la Belgique ou la France, auxquels il fallait ajouter 5 à 6.000 euros pour l’Angleterre. L’argent était versé aux parents du prévenu principal. Celui-ci était le dirigeant de l’organisation.

Un autre prévenu était le trésorier et le logisticien de l’organisation. Un autre encore tenait le rôle de chauffeur.

Les personnes voulant rejoindre l’Angleterre étaient hébergées dans des safe-houses à Bruxelles et étaient ensuite conduites sur le parking de Grand-Bigard, où elles embarquaient dans des camions à destination de Calais puis de la Grande-Bretagne (soit dans la cabine du camion avec la complicité du chauffeur, soit cachés dans des remorques, au milieu du chargement, parfois au péril de leur vie).

Les pays traversés par les candidats à l’immigration étaient jalonnés par des membres de l’organisation qui veillaient à établir des contacts permettant la progression des clandestins à travers soit l’Europe de l’Est, soit l’Europe du Sud en provenance de l’Ukraine.

Les faits ont été mis au jour suite à la découverte de plusieurs clandestins dans les remorques de camions, à Grand-Bigard et Calais. Les différents protagonistes et le modus operandi ont pu être identifiés grâce aux écoutes téléphoniques pratiquées. Des observations ont également été effectuées. L’enquête bancaire a révélé des transferts d’argent, de type Western Union, à partir de la Belgique et d’autres pays d’Europe occidentale vers le Vietnam.

Le dirigeant de l’organisation a été condamné par défaut à une peine de 10 ans d’emprisonnement et 90.000 euros d’amende.

PAG-ASA et Myria, qui s’étaient constitués partie civile, ont reçu chacun un euro.

Ce jugement est définitif pour les prévenus condamnés contradictoirement. Sur opposition, le dirigeant de l'organisation a été à nouveau condamné par le tribunal correctionnel francophone de Bruxelles le 25 novembre 2020.