Pourtant, sur le terrain, Myria a pu constater que les moyens humains et matériels manquent pour faire de cette lutte contre la traite des êtres humains une véritable priorité, entre autres pour faire face à l’utilisation des nouvelles technologies utilisées par les trafiquants. Par ailleurs, des lacunes existent sur le terrain dans la détection des victimes, notamment les mineurs.

Un autre sujet de préoccupation concerne la réforme de l’inspection sociale. Depuis le 1er juillet 2017, le service d’inspection de l’ONSS et l’inspection sociale du SPF Sécurité sociale ont été regroupés en un seul service d’inspection au sein de l’ONSS, dans un but de rationalisation de leur fonctionnement. Pourtant, au cours des dix dernières années, l’inspection sociale a pu démontrer toute son importance sur le plan de la détection des dossiers de traite aux fins d’exploitation économique. Le GRETA (le groupe d’expert du Conseil de l’Europe, chargé du suivi de la Convention du Conseil de l’Europe sur la traite des êtres humains) a lui aussi salué à plusieurs reprises cette approche progressiste de la Belgique, et plus particulièrement le rôle et la spécialisation des services de l’ancienne inspection sociale.

Enfin, la lutte contre la traite des êtres humains doit également rester une priorité au niveau politique. Un plan d’action 2015-2019 existe à cet égard. Mais ce phénomène devrait également faire d’objet d’une attention continue du Parlement. Lors de précédentes législatures, un groupe de travail spécifique se consacrait à cette thématique. 

Myria recommande :

- d’octroyer aux services de police et magistrats les moyens humains et techniques nécessaires pour garantir une lutte effective contre la traite des êtres humains (notamment pour pouvoir utiliser internet et les réseaux sociaux comme méthode d’investigation) ;

- de renforcer les formations des services de première ligne pour une meilleure détection et prise en charge des victimes de traite, surtout en ce qui concerne les mineurs (présumés) victimes ;

- d’assurer que la lutte contre la traite des êtres humains reste l’une des priorités du nouveau service d’inspection de l’ONSS, dotés des moyens nécessaires ;

- d’instaurer au sein du parlement une commission ou un groupe de travail spécifiquement chargé du suivi de cette thématique ;

- d’assurer aux centres d’accueil de victimes de la traite des moyens pérennes et stables.