Myria souligne que les clients de travailleurs et travailleuses du sexe peuvent également jouer un rôle important dans la lutte contre la traite des êtres humains sur Internet et qu’ils devraient être sensibilisés par des campagnes pour signaler les abus.

Le travail du sexe via les sites de rencontres sexuelles et les médias sociaux est en pleine expansion. La police peut effectuer des contrôles sur internet, mais ceux-ci requièrent des ressources importantes et la tâche est parfois compliquée par des applications spéciales, destinées et disponibles aux seuls clients. Ces derniers peuvent donc représenter une plus-value importante dans la lutte contre la traite des êtres humains, car ils peuvent identifier certains abus plus facilement et rapidement dans des endroits peu accessibles, voire inaccessibles à la police.

Sensibiliser les clients à la traite des êtres humains et les encourager à signaler les abus éventuels peut réduire la demande de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.

D’une part, cette démarche rendra les clients des travailleurs et travailleuses du sexe plus conscients de la problématique de la traite des êtres humains, et d’autre part, les proxénètes éviteront les risques liés à l’emploi de victimes de la traite des êtres humains. Néanmoins, à la suite de l’adoption de la nouvelle directive européenne sur la traite des êtres humains, la Belgique est tenue d’incriminer l’utilisation, en connaissance de cause, de services fournis par une victime de traite. Celle-ci pourrait, le cas échéant, avoir un effet négatif sur le comportement de signalement des clients des travailleurs et travailleuses du sexeet se révéler contre-productive dans la lutte contre la traite des êtres humains. Il est possible que ces clients ne souhaitent en effet pas courir le risque que les gens de leur quartier apprennent qu’ils fréquentent des travailleurs et travailleuses du sexeà cause d’une enquête menée dans le cadre d’une loi sur la sanction des clients, impliquant des auditions et éventuellement une enquête de voisinage. Le seuil à franchir par les clients pour signaler les abus risque donc d’augmenter.

Par ailleurs, depuis l’adoption de l’arrêté royal sur la publicité pour la prostitution d’un majeur, le fournisseur de plateforme internet est tenu de mettre à disposition des visiteurs un moyen visible pour leur permettre de signaler rapidement tout soupçon d’abus de la prostitution ou de traite des êtres humains liés à l’usage de la plateforme, tel qu’un « bouton d’alerte ». Une telle mesure constitue également un moyen d’encourager les clients potentiels à signaler les abus éventuels constatés.